Narbonne : L’expérience de l’Atelier des Pénitents Il existe une question, simple, qui ne nous vient pas naturellement. Qu’est-ce que l’art pour nous, comment se vit-il, ? se fait-il ? qui le produit et pourquoi ? .Or, il ne s’agit là, que d’un devoir que nous devrions avoir au nom de notre citoyenneté, une exigence lointaine d’un précepte platonicien « recherchez l’âme au moyen de ce que les yeux perçoivent ». Chacun sait, fut-ce vaguement qu’il existe des politiques culturelles et des acteurs multiples du même nom, supposés entretenir au nom de la République si ce n’est le goût des arts, au moins l’idée qu’il puisse y en avoir un ! . Mais ce constat suffit rarement. Il faut donc revenir à notre exigence car si le pouvoir politique est loin de nos impulsions et de nos désirs, l’art, par les artistes qui le font est-il, lui, plus proche de nous et de nos attentes ? Narbonne aura connu cet hiver, un ensemble de situations construites autour de la mise en œuvre de l’exposition-atelier de Serge Griggio qui permet peut-être d’y voir plus clair. À l’origine une proposition peu fréquente, un artiste invité à présenter son travail dans un lieu dédié, souhaite faire de celui-ci temporairement son atelier. Proposition que soutiendra l’équipe culturelle de la municipalité. Ce qui suivra va devenir alors une aventure humaine et artistique, insolite et passionnante. Dans un atelier, on travaille, on produit. Griggio y peint pour lui, mais il y enseigne ou initie jeunes élèves et collégiens. iphone 7 pink marble phone case Dans un atelier, on se rencontre, on se parle, on échange des idées et des outils. Les artistes invités y laisseront leurs propres travaux, les commenteront, feront réseau pour porter leur part du projet. Les collectionneurs, les amateurs seront aussi de la partie, et d’autres disciplines s’y mêleront et s’y confronteront. Enfin et ce fut décisif, ce passant curieux, ce voisin, ou celui qui, par bouche-à-oreille, sera venu pour voir, s’attardera, commentera avec qui est là, de ce qui est là, ou de ce qui pourrait y être. L’atelier reprendra alors son sens premier car on y produira collectivement du sens, selon des savoirs et des désirs mis en commun. En bref tous ceux qui y seront passés auront ainsi vécu, pour un temps, la belle expérience d’une formation d’unités actives de solidarité, condition première d’une citoyenneté réelle. Cet Atelier qui ne se voulait pas être une leçon pourrait bien toutefois être aujourd’hui un modèle nécessaire. Daniel Bégard. Rendez-vous à l’atelier Exposition prolongée du 13 au 20 décembre 2009 et du 4 janvier au 14 février 2010 “AU BRUIT DES FONTAINES” DECOUVERTE D’ŒUVRES DES ARTISTES INVITES DANS LE CADRE DE L’EXPOSITION DE SERGE GRIGGIO A LA CHAPELLE DES PENITENTS BLEUS 4 JANVIER – 14 FEVRIER 2010
. Du 4 au 10 janvier 2010 : les œuvres de Yseult Houssais et Florian Guillet Du 11 au 17 janvier 2010 : les œuvres de Piero Mosti-Dusi Du 18 au 24 janvier 2010 : les œuvres de Gilbert Garcia et Muriel Navarro Du 25 au 31 janvier 2010 : les œuvres de Daniel Bégard, Fernand Soual, Bruno Sellenet et Claude Meurisset. Noir de l’aube, Jour brun Nuits blanches À propos de Paul Celan pdf à télécharger ici:
Du 1er au 7 février 2010 : les œuvres de Chantal Lekim-Paicheler Du 8 au 14 février2010 : les œuvres de Véronique Vialade-Marin et Claudio Cravero PROGRAMME DE RENCONTRES DANS LE CADRE DE L’EXPOSITION DE SERGE GRIGGIO A LA CHAPELLE DES PENITENTS BLEUS “RENDEZ-VOUS A L’ATELIER” 4 JANVIER – 14 FEVRIER 2010 Mercredi 13 janvier à 18h30: Pier Giorgio Corchia, directeur de galerie d’Art Patricia Livolsi, artiste Rencontre – Lecture d’auteurs italiens Mercredi 27 janvier à 16h15 : “ Autour de l’œuvre de Paul Celan” Daniel Bégard, critique d’art Bruno Sellenet, plasticien Fernand Soual, plasticien Claude Meurisset, plasticien Entretien – Lecture d’extraits de poèmes de Paul Celan par Doris Schläpfer et Remy Soual Mercredi 10 février à 18h30 : Véronique Vialade-Marin, professeur de Lettres, photographe Dominique Marin, psychanalyste Vendredi 12 février à 18h30 : Présentation des tableaux de Serge Griggio réalisés durant l’exposition “Rendez-vous à l’atelier” Carte blanche à de jeunes créateurs invités par Serge GRIGGIO dans le cadre des Rendez-vous à l’atelier Le Samedi 12 décembre à 18h30 en présence des artistes : Seloia Achouri – Maeva Barrière – Idriss Bigou Gilles – Sophie Minana Pauline Moulis – Gaëlle Navarro – Lisa Roques – Sandra Rossi ainsi que les dessins réalisés par les élèves de Narbonne et les jeunes de l’hôpital de jour lors de leur visite à l’atelier La soirée sera ponctuée par diverses interventions musicales, artistiques et littéraires. Tristan Laroye (vidéo art) – Bizern (lectures extraites du roman Vertiges) Stéphane Kowalczyk (installation vidéo) – Grand destin (rap) Lez’Arts abstraits (rock) – Flavio Griggio (batterie) Carte blanche à de jeunes créateurs invités par Serge GRIGGIO dans le cadre des Rendez-vous à l’atelier Au bruit des fontaines : l’art contemporain et quotidien en région. Découvertes d’œuvres, les artistes invités aux Pénitents Bleus . Narbonne du 14/10 au 2/12 2009 Présentant un ensemble de travaux qui sont autant de témoins de ma vie de créateur en région, j’ai souhaité inviter, pour partager ce moment, les artistes que j’ai connus au cours de ces années , et dont j’ai apprécié le travail . Il y a bien sûr entre nous des liens d’amitié et d’estime réciproque, mais aussi et peut être surtout une sorte de solidarité qui tient à ce que nous affrontions les mêmes conditions pour créer une œuvre artistique en région tout en restant profondément attachés à celle-ci , ce quelles que soient nos origines et nos choix esthétiques . Ces artistes montreront un choix de leurs œuvres récentes , à tour de rôle , au sein de ma rétrospective, d’autre part ils présenteront celles-ci à nos visiteurs selon le programme des rencontres joint . J’espère vous retrouver nombreux à chacune de ces occasions Serge Griggio Du 14/10 aux .20/10 : artistes invités (œuvres exposées): Ballard et Sylvie Romieu .Le 22/10 a/C de 16h30 Rencontre avec Daniel Bégard et Bruno Sellenet Du 22/10 au 27/10 artistes invités Daniel Bégard et Bruno Sellenet Le 28/10 de 16h30 à 18h Rencontre avec Christian Hadengue et Claudio Isgro Du 28/10 au 3/11 : artistes invités Christian Hadengue et Claudio Isgro .le 4/11 de 16h30 à 18h . Rencontre avec Claude Abad et Martine Trouïs Du 4/11 au 11/11 artistes invités Claude Abad et Martine Trouïs .Le 12/11 de 16h 30 à 18h : Rencontre avec Philippe Chapert-Gaujal et Fernand Soual Du 12/11 au 17/11 : artistes invités Philippe Chapert-Gaujal et Fernand Soual .le 18/11 de 16 h 30 à 18 h :Rencontre avec Jean-Christophe-Alix et Claire Charpentier Du 18/11 au 26/11: artistes invités Jean-Christophe Alix et Claire Charpentier .Le 27 /11 de 16 h30 à 18 h : rencontre avec J.P Poutier et J.Mathès Du 27/11 au 2/12 : artistes invités : JP Poutier et J.Matès Mercredi 14 octobre à 18h30 : Céline Juton, responsable culturelle, médiatrice Lecture du texte de présentation de l’exposition Mercredi 21 octobre à 16h15: Daniel Bégard, critique d’art, écrivain, peintre Laetitia Deloustal, chargé de mission en Histoire de l’Art Mercredi 4 novembre à 16h15: Anne Pannifous, galeriste – galerie Carpe Diem à Carlabayle (Ariège) Louis Privat, chef d’entreprise, collectionneur Mercredi 18 novembre à 16h15: Emmanuel Darley, écrivain, dramaturge Dominique Marin, psychanalyste Valérie Schlée, écrivain Mercredi 2 décembre à 16h15: Laetitia Escalier, danseuse Les musiciens du groupe Les Chats fourrés, répertoire d’Alain Bashung revisité Samedi 12 décembre à 18h30: Carte blanche à de jeunes créateurs . SERGE GRIGGIO : Récits et refrains des seuils. « Ne pourrait-on, pensais-je alors, reprendre seulement la série des faits, et refaire le récit. Aucune objection raisonnable ne s’étant présentée, mon parti fut pris aussi tôt « Alessandro Manzoni « Les Fiancés-introduction » 1823 Comment devient-on peintre, et d ‘abord , peut-on le devenir ? Cette question , Serge Griggio a dû l’entendre , mais il est de ceux à qui l’on ne la pose plus. C’est un usage qui certes peut sembler absurde, mais c’est aussi une mauvaise politesse de ne pas la poser.Car un créateur aurait à contrario bien des raisons de souhaiter que l’on la lui pose, et c’est d’ailleurs ce qui serait justement délicat et de bon goût de faire. Pour autant une rétrospective portant sur une période assez conséquente d’une œuvre peut paraître un moyen raisonnable d’essayer de la comprendre . Et l’artiste lui-même qui se dépouille ainsi de son passé peut y trouver les ressources pour s’interpeller lui-même s’il en éprouve le besoin. Une rétrospective ordinaire s’organise en conséquence en jouant des durées, des lieux et, bien entendu des manières et ou des thématiques. C’est ce qui fait la coutume autant que l’usage des « catalogues raisonnés » . Autant dire qu’il ne s’en déduit logiquement que des parcours, des fléchages, des haltes, soit un ordre naturel pour toute muséographie. Car un tel ordre suggère un dispositif linéaire qui convient parfaitement pour les (forcément grands) disparus et pour quelques vivants qui ne rechignent pas devant une commémoration aussi balisée que prématurée. Le seul défaut qu’au demeurant l’on puisse valablement opposer à celui-ci étant que l’on élimine ainsi tout véritable récit. Or une œuvre n’est pas un parcours donné d’avance et repéré comme tel, elle n’est que le relevé des traces qu’elle aura laissé .Une œuvre est en effet un récit, ou mieux une suite de récits composés et chantés dans le temps d’une vie, et dans les lieux de celle-ci. Avec des reprises et des recoupements, des couplets et des refrains. Il faut reconnaître toutefois qu’un tel décryptage de récits singuliers n’est pas forcément chose aisée. La nature de l’œuvre en effet, les conditions de sa conception, choisies ou subies par l’artiste, peuvent brouiller les tours et retours des récits. Mais disons le Serge Griggio est clairement l’homme des récits construits dans la rigueur et sans masques ce qui nous en facilite la lecture. Et l’on revient par là, à la question du « devenir peintre ». Il n’y a pas en ce domaine de décision volontariste, il y a plus vraisemblablement une mise en marche, une sorte de porte, de seuil que l’on passe. Et le premier récit commence avec cette avancée-là . D’où vient cette mise en marche, ou mise en ordre de la création ? probablement d’un jeu de forces « des quantités de force, en relation de tension, pour un objet qui lui-même est force « qui constituera le début d’une histoire « par la succession de forces qui s’en emparent et leur cohabitation « écrira Gilles Deleuze (1). On pourrait dès lors interroger,prioritairement, ce moment d’origine dans ses rapports, conscients ou non, aux permanences de ces « images-pathos « ces images « survivantes » analysées, à la suite de Warburg,par Georges Didi-Huberman .(2). Notamment en ce qu’elles nourriraient ou provoqueraient toute création tendant à une représentation. De plus, de l’addition de cette mise en « marche » et de ces survivances naîtrait alors quelque chose de nécessaire pour passer outre le premier seuil et dérouler au moins le premier récit. Néanmoins le moment originel persisterait comme une nécessité de repère, voire une modélisation toujours à reprendre, a chaque seuil, mais qui retient et s’enrichira, (dans ce qui deviendra une œuvre d’artiste), des acquis emblématiques des seuils successifs . Toutes ces avancées et ces retours ayant formes de couplets et refrains, d’une même ritournelle . Or celle-ci a justement ceci de particulier : « qu’elle fabrique du temps. Elle est le temps impliqué « (3) et partant la ritournelle serait possiblement un mouvement rétrograde seulement formé d’un cercle fermé’ ’ . Mais, Gilles Deleuze, encore, qui en analyse les effets, remarque par ailleurs que si la peinture a ses propres ritournelles c’est parce que le peintre (au moins dans l’image que l’on s’en fait et à la différence d’un musicien) serait beaucoup plus ouvert socialement, beaucoup plus politique, beaucoup moins contrôlé du dehors et de dedans. Ce parce qu’il doit à chaque fois recréer (…) à partir des nouveaux « corps de lumières et de couleurs qu’il produit .(4) . Je n’ai pas cherché à dresser ci-dessus un modèle théorique absolu, mais il se trouve que pour la rétrospective que présente ici à Narbonne Serge Griggio, on y trouvera un éclairage utile, à défaut de l’explicitation d’une œuvre qui ne peut appartenir qu’a l’artiste lui-même et au goût qu’il a, ou non, de nous la livrer. Mais avec le recul que permet cet exercice, il semble possible de tenter de relever de quoi et comment s’est fait cette œuvre, ses couplets, ses mélodies, ses rythmes, ses refrains et ritournelles renouvelés. Les premiers travaux (1979 1982) de Serge Griggio sont de ceux que l’on peut attendre d’un jeune homme qui se sent en capacité d’affronter les mystères et complexité de la représentation. Et assez naturellement le passage du seuil se fait par des imaginaires dominants. Rien d’étonnant donc d’y retrouver une sorte de figuration cosmique ou l’humanité n’est que flottante, ou un visage de femme se fondant dans les eaux. Mais on les notera ,pour ce carnet de voyage dans une œuvre singulière, parce que l’incertitude de la condition humaine, ou l’impossible nostalgie de la femme aimée, mère ou amante, y seront récurrentes, et comme la marque d’un manque. Viendra un temps qui pourrait être celui de la maturation technique, et d’une conscience du refrain, et du rythme. Les sujets et le mode de la représentation feront penser, quelques fois à de Stael. Mais en l’occurrence c’est là probablement plus « l’être ensemble » des musiciens qui compte qu’une référence plastique assez anecdotique. La série de ces travaux (1983-1987) est, à mon sens clôturé par un grand format intitulé « entracte « qui est d’une tout autre importance. Parce que c’est à l’évidence là un nouveau seuil qui est franchi . En effet, les traits –qui pour la première fois dominent nettement et pour eux-mêmes la composition – imposent une vérité qui n’est autre que le désir ou la nécessité d’abstraction . Et parraléllement les fonds, jusqu’alors peu traités, en deviennent »acteurs « à part entière. Enfin la figure, et semble-t-il corrélativement, les corps humains sont pour le coup sortis de scène . Ce qui va suivre (1988/1999) mais bien entendu, tout découpage de cet ordre est arbitraire car il néglige d’évidents chevauchements – s’inscrira d’abord par une suite de vues d’ateliers dont on ne voit surtout que le chevalet de l’artiste où plus précisément les traits qui le décomposent le désossent, le déconstruisent. Puis dans une autre série ce même chevalet qui a perdu toute substance matérielle, au point d’en devenir une sorte d’idéogramme , d’écriture, s’envole littéralement dans des compositions de plus en plus complexes dont l’équilibre n’est assuré que par une maîtrise, elle-même hasardeuse (couleurs, vibrations et matières des fonds). Il serait probablement faux de voir dans une telle thématique une symbolique critique du métier de peindre. Plus utilement alors, s’il fallait s’aventurer dans un tel registre , il faudrait en retenir le désir d’envol et/ou celui d’un chaos… iphone 7 naruto case reconstructeur. On sera donc tenté de voir dans une série postérieure où la représentation s’affronte au damier et aux figures d’un jeu d’échec comme une parabole de ce désir en action. Désir donc mais aussi constat d’une situation, et mise en scène de celle-ci.Car il est bien possible que ce qui était en cause alors renvoyait à ce problème que les peintres ne peuvent éviter et qui est selon Gilles Deleuze lorsqu’il le relève à propos de Bacon : « que le problème de la capture des forces si conscient qu’il fût, se trouve mélangé avec un autre également important (…) celui de la décomposition et recomposition des effets ».(5) .Et de fait cette série de toiles où le rôle des fonds et des traits, (autonomes ou palimpsestes de figures dissoutes) s’accentue pourrait être une démonstration de la nécessité, pour un peintre d’élaborer un » diagramme « personnel qu’il déclinera dans ses œuvres suivantes. japanese phone case iphone 7 Hasard ou clin d’œil cette sorte de rupture intime est en quelque sort à placer sous le digne de la présence quasi permanente d’une pièce particulière du jeu, un cheval et un cheval bleu, un « Blaue Reiter » ! enseigne depuis Kandinsky du désir « de vivre le spirituel dans les choses matérielles et abstraites (6) Du bleu encore et envahissant dans une toile (1991) fond et décor d’une sorte de fenêtre, striés par les persistants traits des œuvres précédentes. Le carré (fenêtre ouverture) , dans cette composition abstraite joue alors comme un appel, à l’évasion spirituelle à moins que comme l’écrivait alors Marie-Germaine Faure, cela soit la marque de la « subjectivité déchirée « de l’artiste. C’était en tout cas certainement, une injonction pour lui car les toiles qui suivront (1991 1999) feront certes la part belle à ce qui ressort probablement de la subjectivité, mais elle vont rompre aussi avec bien des données constantes des œuvres précédentes. Les couleurs d’abord dont la palette est bouleversée par l’arrivée d’ocres, de rouges, de bruns, par les thématiques ensuite qui interrogent des restes architecturaux, de murs peints pour des compositions où la figuration fait retour. Effets probables d’un voyage en Italie, de ressourcement quasi familial, mais surtout voyage aux sources de la peinture.Son ami, le peintre Mazzini dira alors que Griggio « invitait aux portes d’un univers métaphysique. Mais il se peut que ce seuil-là ne soit pas ceux que l’on veuille franchir parce que peut être, on y perdrait d’entendre la « ritournelle » originelle, celle qui vous avait mit en marche. Les toiles qui vont clore cette époque l’expriment peut-être assez précisément. Un fauteuil ou une chaise, banalités peut être, mais servies par des « morceaux de peinture « fonds lourds et sombres, épaisseurs d’ombres blanches, rouges imprévus et tranchants. Puis une autre série, l’objet, la chose demeurent en prétextes pour se dissoudre mieux. Retour des traits, et abstractions. Pourtant le brio de certaines de ces toiles fait ressentir plus vivement encore un manque violent . Celui de la figure, des corps, et de l’humanité ordinaire . On pourra avoir alors le sentiment que l’artiste craint un assèchement de son œuvre et qu’il ressent cela comme un carcan pour prendre le titre d’une toile tout à fait atypique en regard de ce qu’il a fait jusqu’alors, tout d’une grande et forte gestuelle noire . C’est probablement pour cela que lui viendra le désir de s’engager (1999- 2006) autrement, et dans une quête novatrice. iphone 8 phone case card Comme le dira fort justement son amie et consoeur Syvie Romieu , qui en sera témoin : « En peignant ses angoisses , ses peurs et ses doutes l’homme Griggio ne peint plus que l’homme, dans son opacité, dans sa transparence , l’homme dans sa nudité profonde . Et le peintre rencontra l’homme « . De fait Serge Griggio va nous livrer alors des séries de toiles figuratives d’une grande maîtrise technique , où il traque la misère faite aux hommes , l’affaissement et la dignité qui se cherche encore .Les gestes qu’il montre ont l’exactitude crue du reportage , mais il sait faire comprendre aussi les corps en solidarité , en secours de ceux qui, tombent . Et pour rendre toute cette vie vraie et terrible, il la peindra dans -un crépuscule de dérive qui dira l’écrivain Jean-Claude Pirotte « n’en finit pas de ralentir et d’allonger les gestes avant de lancer un trait qui fulgure » Il poursuivra en cherchant dans les corps , et ce dans toutes les attitudes qu’ils prennent et les plus passionnelles , celles de l’amour ou de la passion christique , les mystères qu’ils portent en eux dans et avec les stigmates des misères sociales ou culturelles qu’ils subissent . Ce qui est d’ailleurs, mais par un tout autre chemin et par une autre porte, franchir un seuil « métaphysique ». Dans ces productions les plus récentes Serge Griggio a repris et étendu le chant d’une telle approche . D’une part , et usant pour une première fois de ce mode d’intervention , il a livré avec ses installations « Totems et mythologies des temps modernes » (2008) -où il use de containers de déchets et d’une figurine d’argile , sorte de golem représentatif de ces corps et gestes qui anéantissent qu’il peignait précédemment ,- une réflexion forte et amère . À la fois sur la survivance des mythes dans et malgré les aspects triviaux de nos sociétés, et sur l’engagement de l’artiste et le destin de ses œuvres. Depuis il a entrepris la mise en oeuvre d’une autre intervention importante « Uno sguardo dentro la vita « consacrée aux portraits de femmes , c’est-à-dire aux regards qu’elles portent sur lui et qu’il a porté sur elles . Introspection décisive s’il en fut et qui le sera certainement pour lui, faisant ainsi retour au « refrain « qu’il lui fit franchir un premier seuil de création. Enfin il faut remarquer que l’initiative de Serge Griggio d’installer son atelier dans le lieu même de sa rétrospective, pour y être ainsi disponible aux visiteurs, comme ses invitations à des confrères d’ exposer avec lui, ou celle faite à différents acteurs de l’art contemporain en région pour y débattre ensemble, témoignent de la volonté permanente qu’il a d’être aux plus près des problématiques de son art. Daniel Bégard . Octobre . 2009 Notes : 1 Gilles Deleuze « Francis Bacon-Logique de la représentation » Le Seuil éditeur . Paris 2002 2 Georges Didi-Huberman « L’image survivante » Editions de minuit Paris 2002 3 Gilles Deleuze et Félix Guattari « Mille Plateaux « Éditions de Minuit . paris 1980 4 G.Deleuze/F.Guattari Ibid. 5 Gilles Deleuze .Ibid 6 V.Kandinsky .