Le Bruit des Fontaines Tony Harding Jean-Christoph Alix Claude Abad Martine Trouïs

de Daniel Bégard « J’adore le bruit des fontaines La pierre humide où l’on s’assoit Adieu ma Princesse lointaine Ici bavarder va de soi. » Louis Aragon Ici, il y a le bruit des fontaines. Je pourrais vous en décrire une de remarquable dans un vieux quartier de Céret, à quelques pas (deux ruelles), d’un très honorable musée d’art moderne. Mais, qu’est ce qui doit nous importer le musée ou l’eau ?, et l’on devrait d’ailleurs dire « les eaux. » Car sans négliger, entre autres, Gris, Braque, Chagall, Picasso, Tapies, il faut compter ici avec les eaux qui ne manquent elles-mêmes ni de genres ni d’écoles. En effet il y a certes les fontaines mais aussi les rivières, les torrents, les ruisseaux, les oueds. Plus loin les étangs ( ‘’ beyond the sea ‘’) et le lac de Sigean. ( Piet Moget et ses collections) Et encore les roubines, et toujours la mer en voisine et ses ports (fantômes de Derain et de Matisse à Collioure), ses plages (Klasen, Crumb, Erro à Sérignan) puis le canal du Midi et enfin les ruissellements et le retour aux fontaines les « Trois grâces Montpelliéraines. Retour au Musée : bonjour messieurs Courbet, et Bazille, et Soulages !

étang à Bages photo doris Schläpfer
On ne parlera jamais assez des eaux, elles ont l’esthétisme dépouillé, mais elles comptent surtout pour les reflets qu’elles offrent à la lumière. iphone 7 thin case red Les bleus et les gris de la Méditerranée, les verts, les olives, les bruns ou l’argent des étangs, le teint de terre des rivières en crues qui descendent de l’arrière-pays, leur teint fantôme marqué des mines défuntes de là-haut et du deuil du travail ouvrier. Des eaux , des lumières, des peintres de naissances ou de passages. Et des vignes , et du travail. Tout se tient. Du moins cela c’est tenu assez longtemps . Aujourd’hui il y a peu d’eau aux fontaines par une sécheresse qu’aggravent les piscines de ceux qui ne travaillent pas , ou plus ici. Il y a encore du vin pour ceux qui refusent les sodas mais toujours trop pour les diktats de la prévention totalitaire. iphone 7 case hand strap Seule la lumière est immuable, car même la non-lumière des nuits est assassinée par les néons des plages. Mais des artistes , des peintres , des plasticiens il y en a-il encore ? . On en trouve.Ils ne sont ni nombreux , ni très rares. Mais tout de même plus rares que nombreux. ! Certains sont nés prés des fontaines ou des clapots . Ou bien c’étaient leurs parents et ils sont revenus pour se confronter aux légendes de la lumière de l’art au soleil et du vin . iphone 8 otterbox case Ou alors ils sont nés très loin d’ici dans les brumes des forêts ou celles de l’industrie lourde .Ils ont vu, ou pas, les Noms des musées , goûté les vins tentateurs , repéré les paysages et leur lumière , comme le marché de l’immobilier . Tout cela fait une scène artistique un peu cahotante et éclatée entre anachorètes du pinceau et tribus. Le « d’où l’on vient » compte moins que la fatalité qui s’impose ou non de se parler . personalised iphone 7 plus phone cases Ou que cet instant où la fatalité deviendra facilité pour, comme le dira d’ailleurs Aragon, se décider à chercher « un tiède abri miraculeux / dans la dentelle des arcades «. Abri qui se construit par réseaux, assez loin des parti pris d’écoles – notamment par ce que l’influence des écoles d’art si prégnante dans les grandes villes est ici dissoute ou oubliée et reniée – réseaux ou tribus qui se construisent mieux par affinités , résonances des histoires individuelles . Pourquoi sont-ils « d’ici » et non d’ailleurs Trois raisons à mon sens : Joseph Delteil, audois, qui fut dans les années trente du siècle dernier un écrivain « parisien » à succès avant de faire retour au pays, ami et compagnon des Delaunay puis de Soulages, aimait la peinture qui s ‘affichait contre « les maigres délectations de l’intellect « et pour les grands coup de vin , les grands coups d’amour «. Si sophistiquées et hétérogènes que soient leurs techniques, leurs supports et leurs modes de représentations je ne connais pas de ‘’ peintres d’ici ‘’ qui puissent être étrangers à de tels principes de bon sens . Par ailleurs , je ne pense pas qu’aucun d’entre eux , repoussent « par principe » toute notoriété , ils s’exporteraient même assez bien , toutes choses égales par ailleurs. Ainsi il y a peu de relais qui puissent les aider longtemps , et les rares galeristes qui sont toujours partie prenantes des réseaux , ou des tribus, ne sont pas en cause. Ce serait pour eux un autre métier. Les collectionneurs privés sont peu nombreux quoique souvent fidèles . En conséquence il n’y a pas de marché local , il n’y a ici que des coups de cœur ou des coups d’amour . On ne peut en vivre matériellement, mais on en vit affectivement assez bien ! Enfin , la nécessité où sont la plus part d’entre eux d’avoir eu , ou d’avoir encore , un autre métier pour vivre les ont souvent Inscrits profondément dans la vie sociale. On les retrouvera donc aisément dans des activités associatives , culturelles , où leur « vrai « métier sert alors des activités citoyennes d’enseignement , d’initiation à l’art contemporain et /ou aux développement des personnes . C’est là le prix ou le troc de leur insertion réussie auprès des fontaines et ce qui en retour leur garantit une authenticité rare . Ce sont ces vies , ces engagements d’artistes « en région », d’hommes et de femmes que les portraits de cette série ont l’ambition de vous faire connaître . Daniel Bégard .Écrivain et critique d’art . . .

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