sculptures et œvres sur papier Exposition du mercredi au samedi de 15 h à 19 h Du 10 juillet au 5 septembre 2015 (sauf jour fériés) ” mais hélas, où chercher , quand c’est l’hiver, les fleurs” Weh mir, wo nehm ich , wenn Es Winter ist, die Blumen (Friedrich Hölderlin) Notes Un artiste, à travers son travail, son oeuvre, cherche à communiquer à celui qui regarde, ses préoccupations, ses émotions. Je suis né en 1949. J`ai grandi dans un milieu modeste et ce fut cependant une enfance heureuse. Je sentais néanmoins qu`il y avait quelque chose dans la société dont on en ne parlait pas. Quelque chose qui devait être très cruel et insupportable à nommer . La guerre venait de se terminer et c`est en feuilletant fortuitement un livre illustré de centaines de photographies que j`ai découvert ce qui s`était passé: les crimes, les massacres, les camps de concentration, le génocide…La prise de conscience de l’extermination fut un coup d’arrêt à l’insouciance d’une enfance paisible et heureuse; dès lors, la douleur qui m’habita ne me quitta plus et marqua profondément ma vie. Ma bouée de sauvetage fut l`art. L`art qui permet de montrer l`invisible, d`exprimer les non-dits fut pour moi une façon d`exorciser mes angoisses et de rompre avec le mutisme ambiant. Pendant vingt ans, de 1975 à 1995, j`ai pratiqué uniquement la peinture. Je peignais pour tenter d`exprimer mes tourments et mes désirs. Puis j`ai découvert le dessin. Le crayon noir était tellement fascinant que j`abandonnais la peinture. Après le crayon, j`ai utilisé l`encre de chine et les papiers calques. Ce n’est que depuis une dizaine d’années que je pratique la sculpture, en travaillant uniquement le bois avec pour seul outil la tronçonneuse. J`utilise toujours du bois frais. Ainsi, le bois a la chance de participer et d`exprimer sa grande force sous forme de fissures. A travers mon travail j`essaye d’ajouter ma propre force, et autant que possible, de charger le bois. La forme, le volume, et l’espace cerné ont un effet d`accumulateur d’énergie. Depuis un certain temps je m’occupe en particulier des problèmes de légèreté – lourdeur et de densité – transparence. J`essaye de découvrir dans le tronc solide le potentiel de l`autre et de le montrer… jusqu’à la limite de la dissolution et de la désintégration. La série des tours en est un exemple. Aucun rajout, aucune décoration, seulement une forme pure. Par amour de la forme, la sculpture souvent est noircie ou blanchie. Une distraction de la forme par ronces ou branches coupées doit être réduite autant que possible. Noircir par le feu n’est pas une application, mais une transformation du bois lui-même, c’est ce qui m`importe. Parfois l`idée exprimée appelle un noircissement, parfois des raisons esthétiques le justifient. Blanchir est un tout autre problème. Le blanc doit être appliqué en veillant à ce qu`il reste translucide. En effet, ce blanc souligne l’effort de légèreté recherchée. Le titre de l`expo actuelle à la Maison du Roy à Sigean « Mais hélas, ou prendre, quand c`est l`hiver, les fleurs » est prêté du poème « Moitié de la vie » de Friedrich Hölderlin, poète de ma ville de Tübingen. Il exprime bien cet hiver qui est dans le monde et sous lequel je souffre bien.